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Les Griffes de Serval
22 janvier 2021

Avec Berlin, Cthulhu grandit.

Berlin, et l'Allemagne en général, sont des lieux que je n'utilise presque jamais en jeu de rôle. Certes, le Saint-Empire Romain Germanique donne de belles inspirations, et le XXe siècle européen n'est jamais bien loin quand j'évoque des régimes totalitaires en jeu de rôle. Ceci dit, j'aurais préféré avoir un sourcebook sur la Guerre Froide sauce Mythe, car pour moi, le choc URSS-USA, avec tous les fantasmes scénaristiques qui en découlent, feraient d'excellentes séances, pour l'Appel de Cthulhu évidemment, mais aussi pour d'autres univers d'espionnage par exemple (étonnament, il existe que peu de jdr d'espionnage pur). avec une Guerre Froide peu développée en jeu de rôle.

Mais l'Appel de Cthulhu, c'est avant tout les 20's, avec un choix inédit pour Berlin. Alors, revenons chez notre voisin et ami allemand, et replongeons dans une période assez folle de son (notre) histoire. Les années 20, comme en France, sont une période où les gens ont besoin de laisser les horreurs de la guerre derrière eux et profitent pour s'enivrer. Peut-être encore plus en Allemagne d'ailleurs qu'en France ?

Ce supplément, Berlin la Dépravée, en est le parfait exemple. Sachez que s'il évoque l'Allemagne, son cadre de jeu est lui berlinois, grande ville devenue capitale, désormais sur le même plan que ses consoeurs mondiales. La guerre perdue, les difficultés économiques, l'humiliation subie de l'esprit revanchard français... tout cela pousse Berlin dans une atmosphère de fin de civilisation dans laquelle son peuple se perd et se noie. C'est la fête, la dépravation, la luxure sur le terreau de la misère humaine, la pauvreté et de la perte de repères. C'est aussi un aimant pour le monde qui vient y trouver son plaisir, mais une catastrophe pour la ville qui malgré sa couleur rouge politicienne, va finir par plonger dans le brun.

Je n'ai pas lu les scénarios, juste survolé le pitch et les pages de très haut pour m'en faire une très vague idée, ceci dans le but de savoir si je poussais ma lecture pour les maîtriser. Mais je préfère attendre et voir si je serais joueur. Je n'en ferai donc pas encore de retour. Retenez juste qu'il y a matière et que je me retiens de les lire.

Pour le contexte, c'est de l'excellent contenu. Mature, le livre ne tombe pas dans l'excès, surtout au vu du cadre historique loin d'être joyeux pour l'Allemagne. Mais les auteurs savent, sans lourdeur, en donner le ton et l'esprit. Il ne faut pas s'attendre à une encyclopédie, mais un livre de culture générale qui permet au Gardien (MJ) de puiser les infos nécessaires pour faire jouer. Et pourtant, le livre aborde pas mal de sujet : économie, architecture, histoire de la ville, moeurs, personnalités... et surprend par ce qu'on y apprend, comme cette tolérance presque naturelle envers les communautés homosexuelles ou son réseau à air comprimé (je vous laisse la surprise du détail).

Petit hic pour moi, je ne suis pas germanophone et lire ou prononcer l'allemand ne m'est pas naturel. Et même si un petit encart sur la prononciation aide déjà beaucoup, ça ne m'est pas si simple (je parle des noms propres car évidemment, le livre est en français) et je dois parfois prononcer à voix haute en cherchant la phonétique.

Mais c'est un bonheur de dévorer ce supplément, qui représente exactement ce que le jeu de rôle représente à mes yeux : se divertir, mais aussi apprendre facilement des tas de choses.

Berlin la Dépravée représente clairement une étape dans la ligne éditoriale de Chaosium et Edge a bien joué en proposant sa traduction dans la foulée. Ce livre est une vraie richesse rôlistique, culturelle et ludique. Si son contenu est plus adulte, c'est surtout qu'il permet d'appuyer la thématique du Mythe qui est finalement elle-même très sérieuse quand on comprend qu'il ramène l'être humain au rang d'une chose insignifiante. Sauf qu'avec Berlin, insignifiant ou pas, l'être humain est un écorché vif dans une ville en pleine ébullition. Et ça touche.

Ce supplément renouvelle la gamme avec une passion qui se ressent y compris dans sa traduction. J'y trouve même une forme de bienveillance : exposer au lecteur un pays qui méritait mieux que son funeste avenir de la décennie des années 30.

Berlin sait trouver le juste équilibre entre le culturel et le ludique, avec un ton mature mais pas dramatique. Ca reste un supplément de jeu de rôle fait pour se divertir et proposer de belles séances de jeu. Une excellente surprise qui me donne envie d'y maîtriser. Bon, si je lisai les scénarios...

 

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